Aux galériens mécaniques...

Et beh…

Je viens de lire tes aventures, tu as un don pour l'écriture…

Par contre, ça fout les chocottes et on va regarder les vendeurs d'un autre œil

Merci

Meilleurs Vœux pour 2020 !

2011...

Je suis content, enfin une panne, quelques années s'étaient déroulées sans histoire...
L'auto n'accélère pas... Je bricole une dizaine de jours, j'en profite pour une vérification générale. Carburateurs en miettes dans une bassine, réservoir nettoyé, filtres, réglage de la carburation, culbuteurs, etc.

Non, Monsieur, m'assure le vendeur, l'allumage électronique, ça ne tombe pas en panne, ou rarement !
Je cherche et je cherche... Des jours.

Finalement, c'est le module d'allumage Compufire de 2000 qui est mort, m'en serais jamais douté, induit en erreur par les vendeurs de ces gadgets pour qui c'est ON ou OFF, pas entre les deux... Les vis platinées reprennent du service et ça retourne parfaitement... Mais il paraît que ce n'est pas fiable, n'est-ce pas ?...

660 km. Douze mois. On touche le fond. Pas celui de la piscine sociale, celui de je ne sais pas quoi... La '14 sort d'un garage pour entrer dans un autre, triste jeu des chaises musicales... Les carburateurs me font parfois des blagues, asséchés... Je sur-gonfle les pneus et emmène une batterie volante avec moi... C'est la '44 qui tourne maintenant autour du pays depuis quelques années... Il y a pire comme embourgeoisement, mais quand même...
On commence aussi à pas mal parler du vilain petit canard et de sa cote montante... Les sorties sont plus hésitantes, la fauche, l'accident, les cons sur la route, le temps qui change la vision de la vie du bonhomme... C'est vrai, quoi, y a des cons sur la route...

wilde a écrit:

2011...
C'est vrai, quoi, y a des cons sur la route...

Oui, ceux qu'on voit et tous ceux qu'on ne voit pas

Je parlais surtout de moi, "avant"... Mais, sans avoir bu et en forme physique, sans trop abuser, ça limite la notion de connerie... Quoique, j'en ai fait pas mal, pas de regrets mais de sacrés souvenirs... Et je gueule sur les jeunes qui en font autant, voire moins, aujourd'hui !

wilde a écrit:

Je parlais surtout de moi, "avant"... Mais, sans avoir bu et en forme physique, sans trop abuser, ça limite la notion de connerie... Quoique, j'en ai fait pas mal, pas de regrets mais de sacrés souvenirs... Et je gueule sur les jeunes qui en font autant, voire moins, aujourd'hui !

On est tous pareil, non ?

2012...

Avril, je rénove les quatre étriers. La voiture roule peu, grippage. Accélération en 1ère pour la faire décoller du sol, rien à faire. L'arrière s'écrase et je me plante. Je sais, je suis un salaud. Mais je sais maintenant les ouvrir et les refermer sans tout bousiller.
Je m'amuse à configurer les carburateurs, je calcule, je joue avec les gicleurs, les tubes d'émulsion et les buses... L'auto roule parfaitement, pleine santé. Je franchis la frontière des 50 000 km le 18 août, à 22h45, près de la mer du Nord, aux "Moëres".

Petite panne d'un relais électrique... Après trente-neuf ans d'exercice, on lui pardonne.

wilde a écrit:

On est tous pareil, non ?

c'est surtout que sur la route on est tous le CON de quelqu'un!

Oui. Trop vite, pas assez vite, y a toujours un truc !
Je suis passé par la D955 cet aprem...

tu as chatouillé le radar pédagogique...?

Oui, je l'ai vu et revu hier !

J'allais faire une course de 5 km, bien trop court pour chauffer l'huile (il m'en a fallu 10/13 environ, hier, en roulant très tranquille), j'ai donc fait un détour...

2013...

La vie tourne, les gens passent. J'apprends que le monde vieillit, des proches disparaissent forever...

Le sort est ironique... Les gens tombent mais la vie continue et je monte dérisoirement des cornets d'aspiration sur les Weber... Pas au hasard, mais en sachant bien si je veux de la puissance en haut ou du couple en bas... On fera un compromis... J'ai toujours aimé ces cornets brillants qui ornaient les moteurs de course quand j'étais petit... Un jour, j'en aurai aussi, je disais... La '14 me surprend encore, le moteur marche encore mieux avec cette aspiration guidée !

Je répare un détail électrique qui me chiffonnait depuis longtemps, les témoins rouges et bleus de la ventilation... Je ne l'avais jamais fait, depuis 1995.

Le sort est ironique. Un matin, sans avoir déjeuné et gazé de la soirée de la veille, je rentre par l'autoroute... Brutalement, trois cylindres, soubresauts puis tout s'arrête... Sur ma lancée, moteur coupé, je prends la bretelle de bifurcation vers l'A2, je sais qu'il y a une station pas loin. Pour tout dire, la station du père d' Antoine, l'étudiant en BTS, là où j'avais oublié de couper l'interrupteur du Neiman... En fait, l'ex-station du père... Je passais pendant la nuit, dans les années 90, il me laissait lire tous les magazines auto, pas comme l'autre con du buffet de la gare, on prenait un café et ça lui faisait passer un peu le temps, une sacrée ambiance... Puis, le braquage, violent. Du bol, je n'y étais pas cette nuit-là... Ensuite, traumatisé, il a arrêté de travailler. Tchao pantin. Fumiers de délinquants.

Revenons à l'histoire... Pas assez de vitesse pour rallier la station sur mon élan... BAU et panique. Je fais le choix débile de pousser l'auto, pas malin. Fatigue, chaleur, pas de sucre dans le sang, le montant du pare brise me blesse l'épaule au sang tant je pousse sans réfléchir, côté circulation. En cas de panne, les gauchers sont avantagés, personne n'y pense... Les poids-lourds me rasent, j'ai vraiment une trouille d'enfer, je pense au pire. Une patrouille orange de la DDE s'arrête, gyrophares, un gars descend. J'explique mon cas et le convainc de me pousser. Normalement, on n'a pas le droit, qu'il me dit. Allez, soyez sympas, y en a pour quelques mètres, juste la pente à grimpe... Soldi, soldi ! Voici que revient l'argument de Monsieur Saroyan, ça marche presque toujours... Je sors la bâche du coffre, confectionne une sorte de boudin protecteur et le camion vient doucement embrasser le cul de la '14... Quelques secondes plus tard, sauvé, encore une fois... Je file un billet bien mérité aux deux gars et ouvre le capot... Un fil de bobine cassé net à la cosse. Nul. Dans la panique de la BAU, j'étais aveugle, rien vu... Un câble de bougie est débranché aussi... Rétrospective, digne des petits détails menant aux gros crashes... En fait, la tringlerie des carburateurs a accroché un câble et l'a l'arraché de la bougie... Les vibrations moteur ont causé la casse finale de la soudure à l'étain déjà fatiguée du fil de la bobine... Vérifie tes soudures, disait Phil...

Je me rends compte que je viens de dire une connerie. Les seuls avantagés, lors d'une panne, sont les gauchers anglais roulant en France. Et inversement pour les droitiers français d'Angleterre. Etiez-vous aware de ça ?

Je parcours 1506 km cette année.

la panne en 914 et la DDE ...... déjà vécu aussi m^me si ce n'était pas mon auto et qu'elle n'était finalement que sur un plateau.
pressés, auto chargée sur le plateau et l'on sangle chacun de notre côté ....détail important.
prise d'autoroute directement et à la sortie, coup de frein appuyé.
et là la 914 qui bascule sur le flèche du plateau, plantée là par le cul.
même à 2, pas possible de la déloger.
5 minutes après , une patrouille orange avec à son bord de "jolis BB"
bref après de gros efforts et un peu de matos improvisé, la belle est de nouveau en place.

pour le détail de l'arrimage, nous avions tendu les sangles chacun dans le même sens, sans ce concerter, sans contrôler surtout le côté opposé.
elle était bridée pour ne pas reculer, mais pas du tout pour éviter de partir par l'avant ... lol

wilde a écrit:

2013...
Je me rends compte que je viens de dire une connerie. Les seuls avantagés, lors d'une panne, sont les gauchers anglais roulant en France. Et inversement pour les droitiers français d'Angleterre. Etiez-vous aware de ça ?

Ou bien les gauchers avec de très grands bras...

le confinement n'est pas propice à l'écriture ......?

L'écriture, c'est pour s'échapper un peu... Comme je suis libre en ce moment, j'enchaîne les bricolages divers et de printemps !
Mais, allez...:

2014...

Je ne me réveille qu'en novembre... A regarder les chiffres, j'ai roulé 115 km. Je suis vraiment un sale con.

Démontage du radiateur à l'avant, retour à l'origine. De toute façon, des courses à faire fondre les bielles, on n'en fait plus, alors... Et puis, on a un garage propret, qu'on veut sans tâche au sol... Et puis, et puis... Je revois l'allumage, le boîtier transistorisé déconnait, il n'aime pas l'humidité... Je chasse les araignées, nettoie tout le châssis, passe un mélange antirouille partout où c'est possible et remise la 914 pour de longs mois.

coucou Wilde,

je ne suis pas un grand lecteur, mais là j’avoue que j'y prends plaisir !
quelle belle histoire avec les douze salopards, le vendeur Jonasz, le mécano du bistro, le vendeur de culasse, et je pense que nous allons découvrir les autres avant la fin de cette belle histoire.

merci

2015.

Rien. Je suis au niveau zéro de ma relation avec la petite allemande. Elle démarre de temps en temps, dans le fond de son abri. Nul. Plus nul encore, cette année d'horreur pour le pays...
L'envie n'y est plus. En plus, un sale con m'emmerde, d'autant plus que je réplique là où ça fait mal... Un gars qui ne se sent plus pisser... Un schizophrène, en fait, je le saurai plus tard...

Je me demande si la 944 n'est pas de trop... J'ai déjà tenté un sondage mercantile, mais je me suis heurté au bas plafond des 5000 euro que les généreux m'offraient du bout des doigts en me faisant la faveur de leur vie... A ce tarif de misère, je préfère la garder, d'autant qu'elle vient de boucler un quatrième tour de France parfait... Pourtant, je ne demandais que 50 000 vrais balles, ceux du temps des flippers, pour une mécanique neuve, histoire de faire de la place et de retrouver la 914 en voiture à vivre...

Vingt ans de relation, j'allais oublier...

Après une recherche rapide, je retrouve Jonasz sur l'écran, je l'appelle pour les vingt ans de l'achat, vingt ans qu'on ne s'est pas reparlé. Il ne semble pas du tout surpris que la voiture soit encore avec moi... "J'vous l'avais dit, qu'elle était nickel !..."
En fait, l'âge rend le monde de moins en moins surprenant, c'est ça aussi...

Ben quoi, c'est vrai, non, à part quelques bricoles...

Maintenant, faut-il penser que Jonasz est réellement convaincu de ce qu'il dit et de ce qu'il avançait dans son salon en palpant les billets ? Mystère, mais je crois qu'il était aux deux-tiers sincère...

2016. The epilogue provisoire...

Les flics de 2004 et le municipal d'Eze devraient venir me coffrer. Je le leur demande. Je n'ai pas roulé, je ne sais même pas si j'ai entendu le quatraplat parler une seule fois.

Année ultra pourrie, le cœur n'y est pas. La boule mortelle continue à dégommer l'entourage. Bowling macabre.

Décembre, c'est trop. Il faut réagir, se battre. Rocky est posé sur l'étagère près du flipper et je croise son regard à chaque descente au sous-sol. Blondin a rangé son flingue mais il bute quand même les mecs qui en veulent à sa Gran Torino...

Je reprends la 914 avec moi. Les freins sont grippés, elle peine à quitter son emplacement. Des soucis électriques aussi. Point de vue moteur, rien à dire, elle tourne parfaitement. Je remets le bolide d'aplomb durant quinze jours et tout re-fonctionne à merveille.

Depuis, nous sommes tous passés en 2017, à part nos chers disparus... La 914 est à quelques mètres de moi. Je ne l'abandonnerai plus que pour son dernier voyage, un musée méritant, avec une petite plaque qui me rappellera à ceux qui ne m'auront même pas connu... Bon, ça reste une vue de l'esprit, puis faudra quand même me payer si j'ai encore ma tête, les affaires étant les affaires !

Après la 964, le déprimé a enchaîné plusieurs berlines insipides et roule désormais en Jaguar XK8. Il vit maintenant à Barcelone. Nous sommes en contact depuis plusieurs décennies et nous voyons environ une fois par an.

Le copain fumeur est parti travailler en Corse, dans la restauration. Je n'ai plus jamais entendu parler de lui.

Je repasse de temps en temps devant la maison du bon samaritain qui a abrité mon auto, ce jour de janvier neigeux... Je laisse volontairement la rocade et prends exprès l'ancienne route qui passe devant chez lui... Je ne sais pas s'il vit toujours là, ni s'il vit tout court...

Je ne sais pas ce qu'est devenu le garagiste en chemise blanche et je ne veux pas le savoir.

J'espère que le policier d'Eze a pu récupérer sa chemise au lavage et qu'il garde de tout ça un souvenir amusé.

Je ne sais pas ce qu'il est advenu de Phil, ni de son mariage, ni de son buggy, ni de rien. Je ne l'ai jamais revu.

Le jeune Antoine, après son BTS, a trouvé du travail à Grenoble. Il y vit toujours, avec la soeur du dépressif. Ils ont deux enfants. Je n'ai plus de nouvelles de lui.
J'espère que son père, l'ex-pompiste, profite bien de son oisiveté. Je ne l'ai jamais revu.

A son départ en retraite, Souchon a vendu la ferme du dos brisé et s'est exilé en Thaïlande pendant six ans. Mal du pays, il est rentré et vit maintenant dans un appartement, non loin de l'avenue de la courroie d'alternateur cassée. La France, finalement, c'est pas si mal... On ne se voit plus, juste une carte de nouvel an et d'anniversaire auxquelles il répond d'un seul mot laconique conclu par ses initiales.

Clooney, après une carrière mouvementée, a troqué son blouson à clous contre un costume et une casquette, chauffeur de personnalités politiques, et il ne fume plus dans la voiture des autres. Je l'ai encore au téléphone, deux ou trois fois par an.

La maniérée a bien vieilli, le temps a rabaissé ses ambitions prétentieuses et la hauteur de ses talons. Elle doit maintenant porter des chaussures plates. Elle n'est jamais devenue première dame de qui que ce soit. Je ne l'ai plus jamais croisée ni décroisée.

La brune attend 2024 pour téléphoner.

Le propriétaire du fameux immeuble, ce vieil italien alerte, malgré sa rengaine, n'est pas rentré en Calabre. Il s'est fait construire un château de l'autre côté de l'avenue et encaisse toujours ses loyers en veillant vaillamment sur son patrimoine.

Jonasz vit toujours dans son appartement cossu, avec la 914/6 en bas, et poursuit ses conférences scientifiques sur les énergies renouvelables...

Un jour, trois ou quatre ans, j'achetais du tabac pour la bonne sœur... Un gars m'interpelle, ça arrive souvent, ces acheteurs compulsifs, vrais ou mythomanes, des plus vaniteux aux plus sympathiques... Le dernier était plaisant, je lui raconte un peu la voiture, les sornettes banales...

« Ah, je comprends que vous n'êtes pas vendeur ! En plus, c'est allemand, on n'est jamais embêté avec ça, c'est du solide ! Quarante ans et ça roule encore ! Pensez donc ! En plus, vous avez des souvenirs avec elle ! »

« Embêté avec cette voiture ? Vous plaisantez ? Jamais !... Des souvenirs ? Bah, juste quelques-uns... ».

L'auto, elle, comme à ses débuts, vagabonde maintenant très souvent, je me bats même pour gagner le concours du plus gros kilométrage annuel du club 914, à défaut de remporter le concours photo du club 944...

Je reste un peu salaud, puisque je néglige à présent la Porsche à moteur avant, même si je tâche de maintenir la garde partagée avec moi-même... Ceux qui me disent posséder plus de deux voitures anciennes en parfait état...

Alors, pour expier mon mal, je prêche la bonne parole pastorale et milite pour la sécurité routière parce que, dans la vie, faut tout de même être raisonnable !
Modifier le message

très belle écriture Wilde .il y beaucoup de vérité dans ton histoire Wilde !!!

Merci pour ce texte de lundi de Pâques.

Merci !
Je vais poursuivre, ce n'est qu'une conclusion partielle...

2017...

Résolutions... Avoir la 914 devant moi, pas dans un garage "boa" dont on ne tire aucun courage à sortir l'engin du cul, malgré mes auto-promesses hebdomadaires...

Janvier, je tente un démarrage, ça part mais l'auto est figée au sol. Bon, ça n'est pas parti du premier coup non plus, ne rêvons pas... Le boîtier transistor "Cartier" de la casse commence à fatiguer et il faut parfois s'en passer...
Démarrage, 1ère, l'arrière s'abaisse, s'écrase, mais rien ne bouge...
Je me débouille pour dégripper les pistons sur place, dans un bon garage bien humide, pas habillé pour l'occasion, forcément...

Rapatriement, pas fier, hululement sinistre des freins arrières, check-up général à l'arrivée: électricité néant, freinage trop freinant, allumage fainéant, etc. Trop longtemps à l'arrêt, c'est hyper mauvais... Comme les gens.
Quinze jours de boulot remettent la voiture en ordre. Etriers débloqués, carburateurs démontés, allumage contrôlé, électricité raccordée, "huilage" des dessous...

L'auto parcourt un petit millier de kilomètres dans les environs et roule à merveille...
Pour être franc, petite panne quand même, en Mai, pour garder les habitudes... Explosion carburateur en mettant le pied dedans au-dessus de 4000 trs... Affaire réglée en 60 minutes chrono: le petit taraudage de la fine platine des vis platinées était un peu foiré... Avec le ressort qui "pousse" et la vis qui ne bloque pas assez, le réglage s'est décalé, j'avais 0.15 d'écartement... Démontage de la platine, un coup de taraud, nouvelle vis et impeccable... C'est là qu'on se rend compte qu'on s'habitue sans le voir aux petits défauts qui augmentent avec le temps... Le démarrage à froid a retrouvé son top du premier coup...

Ceci étant, plus jamais je ne jouerai à l'abandon du temps qui passe... Nostalgie et Cie, je me mets en tête de rendre à cette méritante sa belle vie d'avant...
Tout ceci passe par le passage et la réussite du CT... On n'a plus l'âge de jouer à cache-cache avec la police ou compter sur sa méconnaissance de la réglementation, d'autant qu'on s'est dit qu'on allait être sérieux...