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FORUM DU CLUB PORSCHE 914 DE FRANCE
 
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 Aux galériens mécaniques...

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wilde

wilde


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MessageSujet: Aux galériens mécaniques...   Aux galériens mécaniques... Empty17/12/2018, 13:06

Salut à tous,

Depuis l'temps que je promets... En plus, ça fera cadeau de Noël...
C'est parti !

Le temps passe. Déjà plus de 15 ans de forum et compagnie, et 23 ans de 914... Je lis les pannes et les ennuis des uns et des autres... Aujourd'hui, j'ai envie de me rappeler les galères... Pour tout dire, c'est ce bon Whiskas qui a allumé la mèche de l'inspiration cette nuit, un copain d'un autre forum, avec tout ce qui lui arrive, jusqu'à récemment...
Je vais humblement raconter l'affaire 914... Pour ceux qui demanderont, car c'est arrivé et arrivera, la part de vérité dans cette histoire, je dirai que tout est authentique, sinon, ce ne serait pas marrant...
On va y aller année par année, en espérant de ne pas faire de l'Higgins barbant... Facile, il suffit de reprendre le classeur de notes pour se laisser aller à un beau voyage... Beau, oui, avec le recul !

Déjà, le bonhomme que je suis a toujours aimé les autos, depuis tout petit. Mais, bon, entre les rêves et la réalité, on se retrouve souvent en autobus. Après les griffonnages de caisses sur les tables des écoles, arrive le premier boulot et les premiers salaires... A l'origine, je cherchais une Muréna, j'aimais bien son style tendu de petite Ferrari à la française et j'avais un ou deux souvenirs de course citadine sauvage nocturne, mais bon... Ah, si elle avait eu des feux ronds...

Mais, un jour de promenade belge, voici que je tombe en arrêt devant un véhicule à l'abandon, dans un garage de campagne. Basse, ailes élargies, toit escamotable: le flash. Mieux qu'une Muréna, en plus c'est une Porsche ! Une 914. On a beau dire, le blason, ça y fait quand même... Dès lors, c'est la recherche d'un modèle en meilleur état que l'épave visitée de loin au pays des frites: magazines (pas encore d'internet), revues lues à la sauvette à la civette de la gare, avec le patron qui me vire en gueulant... 30 francs le bouquin, c'est pas donné !...
En septembre 1995, je repère une 914, vert foncé, dans Flat 6. Je me rappelle aussi les PMA, elles passaient les 150 000 francs d'occasion... Je les trouvais franchement moches et lisais déjà des histoires peu marrantes sur la distribution... Comme quoi, les mythes, ça remonte à loin... Je me souviendrai toujours de mon premier appel téléphonique au vendeur de la 914, dans une cabine publique réservée aux mariniers, le long d'un canal...

Voilà donc cette VW-Porsche localisée à Montrouge, à quelques 200 km de chez moi. Un coup de R5 Diesel 1.6D et me voici arrivé. Première visite chez le monsieur, un type qui, en ce temps-là, me semblait "vieux", du bas de mon jeune âge... Bref, le look Jonasz, 50 ans environ, écharpe et gabardine. Une maison bourgeoise toute proche du périphérique. On se rend à son garage, un peu plus loin dans la rue. En sous-sol, deux 914, une 6, grise, selon mes souvenirs, et une vert foncé, une 4. Il vend la 4 cylindres pour cause d'achat de monospace. Comme quoi, la vie parentale a toujours été dangereuse, ce qui me l'a encore confirmé... Il m'assure que la voiture marche bien et me vante les factures récentes d'entretien. J'écoute et je rentre à la maison, toutes ces idées en tête...

Après ce premier contact, plusieurs appels téléphoniques. Par surprise, deux ou trois nouvelles visites parisiennes impromptues. J'appelle le vendeur depuis une cabine située en bas de chez lui pour un démarrage surprise de la voiture, histoire de ne pas le laisser souffler ou de ne pas me laisser enfler... Nous allons au garage et, chaque fois, la 914 démarre. Bruits et odeurs du bon passé. Je me penche sous la voiture, pas de fuite d'huile, tu parles d'une check-list de p'tit con... 46000 francs, seulement 8 smic, me dit le monsieur, en tapotant la carrosserie de l'auto et en s'appuyant encore sur les nombreuses factures d'entretien, avoisinant les 100 000 francs en quelques années de propriété, vous calculerez le nombre de smic... Je sais, à l'époque, le tarif pouvait sembler énorme, mais bon, on était jeune et fou... Ceci dit, nous étions en novembre et je n'avais pas la somme demandée...

Vient le mois de décembre. Je complète tout juste la somme souhaitée avec le dernier salaire de fin de mois... Je fais également patienter le vendeur, qui me met la pression en me disant que d'autres sont sur le coup... Tu parles... Le 23 au matin, je retire la quasi totalité de ce qu'il demande et je pars, en R5, en compagnie de ma soeur et d'un ami déprimé, à Montrouge, d'où j'entends bien ramener la 914. La soeur rentrait d'Angleterre, où la soirée fut, comment dire, enfumée et arrosée... L'ami sortait de dix jours de soins hospitaliers... Nous arrivons en début d'après-midi, temps maussade. Le monsieur me fait essayer la voiture dans les rues avoisinantes. Nous sommes trois dans l'habitacle, l'ami en dépression, le chauffeur et moi. Le vendeur prend d'abord le volant, "Les chevaux sont là, hein !", dit-il en accélérant franchement. Puis, mon tour, je fais alors craquer les vitesses et trouve le siège inconfortable, comme une barre dans le dos. "Ce n'est rien, dit le sosie de Jonasz, c'est la ceinture de votre imperméable qui fait ça... Certes".

En attendant, nous revoici assis autour de la table du salon de Montrouge. Le monsieur me présente des factures, un paquet en fait. Il insiste sur les frais récents: trains roulants, capteur de dépression, démarreur, optiques, freins, et, surtout, moteur neuf. Pour ce dernier, point de preuve, il faudra le croire sur parole, m'assure-t-il, je l'ai vu arriver dans une caisse en bois... Bref, je transpire et lui tends une enveloppe contenant 40 000 francs en liquide, "Voilà, tout ce que j'ai, 7 smic, pas plus...". Le monsieur parlait souvent en smic... Son unité de compte, ben, c'était du haut de gamme !...
Ok, fait-il, je sais qu'avec vous, la voiture sera entre de bonnes mains... Croyait-il si bien dire? Papiers signés, je prends possession de la 914, toujours du mal à passer les vitesses silencieusement et priant d'arriver à bon port sans tomber en panne. Aucun manomètre ou compteur de la console centrale ne fonctionne, mais bon... La vision, par la lunette arrière, est formidable. Je m'arrête à une station essence, avant de prendre l'autoroute et, déjà, les questions de curieux: "C'est un 4 ou un 6?". Le plein fait, je redémarre et gros bruit de raclement dans le compartiment moteur. Panique. Je demande son avis au copain déprimé, il me lance un regard hagard et je devine qu'il sera davantage un boulet qu'une aide... C'est ça quand on a bon coeur... Bref, la voiture roule et je ne m'inquiète pas outre mesure...

Dans la panique du gros bruit moteur, la pluie battante et l'inertie du dépressif, voici que je me trompe de chemin, descends vers le sud au lieu de remonter, et fais demi-tour à l'aéroport d'Orly. Ne riez pas, c'est pas marrant, ou peut-être avec le recul... Bref, ayant pris la nationale, nous arrivons très tard dans la nuit, avec une pause sur la place de Péronne, pour ceux qui connaissent. Le tout sous une pluie diluvienne de bout en bout. Comme au Mans, enfin l'arrivée, avec une soeur épuisée, après deux nuits blanches passées en Angleterre et, par dessus le marché, une traversée mouvementée de la mer du Nord. Elle rejoint son lit. Le copain, qui ne m'a été d'aucun secours, rejoint le sien et moi, n'ayant aucun moyen de stocker le véhicule, je passe la nuit dans la voiture, garée près du parc municipal. Jusqu'ici, ça va. Demain, la 914 couchera dans un parking fermé de la ville, tout est prévu. A savoir si le plan se déroulera sans accroc...

Au lendemain de ma nuit en 914 (bien spacieuse pour dormir, soit dit en passant) (et aussi pour le reste...), je loue une place pour trois mois en parking souterrain, au centre ville. Pratique pour faire un tour, je rentre avec la R5 et ressors en 914, puis manège inverse. Un des employés m'apprendra comment ouvrir la porte basculante sans voiture... Folie des premiers jours où, malgré le froid de l'hiver et le chauffage en panne, je roule toit enlevé avec une belle écharpe blanche qui flotte au vent, avec quelques insultes au passage, normal... L'air frais ne semble pas dégripper le déprimé, que je trimbale toujours avec moi... Je commence à constater les défauts de l'auto, un peu de carrosserie à refaire et des bricoles à revoir... Bon, tant que ce ne sont que des bricoles...

Ainsi se termine l'année 1995.
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914

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MessageSujet: Re: Aux galériens mécaniques...   Aux galériens mécaniques... Empty17/12/2018, 15:12

95 !! c'est la que je l'ai vu au pkg des dentellierres??!!!
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wilde

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MessageSujet: Re: Aux galériens mécaniques...   Aux galériens mécaniques... Empty17/12/2018, 16:40

Mais oui !!!!!!!!!!!! Incroyable !!!!!!! Shocked tres_choque Smile
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9fourteen

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MessageSujet: Re: Aux galériens mécaniques...   Aux galériens mécaniques... Empty17/12/2018, 17:42

23 ans... purée...
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914

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MessageSujet: Re: Aux galériens mécaniques...   Aux galériens mécaniques... Empty17/12/2018, 18:09

A l’epoque Il y en avait 2 dans ce parking!!!
L’autre une jaune! Aujourd’hui chez Daniel!!!
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wilde

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MessageSujet: Re: Aux galériens mécaniques...   Aux galériens mécaniques... Empty17/12/2018, 19:05

Oui, c'est exact, je l'ai connue dans ce parking aussi... 23 ans, c'était hier, puisqu'on ressasse continuellement... Pas vraiment loin, mais si loin quand même...

Wink
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louisguy

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MessageSujet: Re: Aux galériens mécaniques...   Aux galériens mécaniques... Empty18/12/2018, 12:30

Jolie histoire , ça laisse de merveilleux souvenirs !! Moi mon premier achat passion c'était en 77 .... Ma mére m'a accompagnée en banlieu parisienne pour ramener à Amiens la 125 Gauthier Grand angle de mes rêves bounce bounce et qui vidait complétement le cochon difficilement rempli l'été précedent (j'étais encore étudiant) . Mais l'histoire se poursuit moins bien que toi car ma belle a dû prendre le train à Creil....Allumage Motoplat grillé ! Crying or Very sad Voilà, on est loin de la 914 mais ce sont des épisodes de la vie que nos passions nous imposent et ça nous laisse des souvenirs impérissables !!!! santa santa
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wilde

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MessageSujet: Re: Aux galériens mécaniques...   Aux galériens mécaniques... Empty18/12/2018, 15:39

Suite...

Janvier et sa place d'Armes, les copains à qui je fais la visite de la 914... Au début, le moteur marchait bien, faut dire ! Juste le pare-choc qui part en poussière à l'avant-droit, celui de derrière cabossé, le rétro carré que je n'aime pas trop, l'intérieur en état très bof, les garnitures de portières trouées pour claquer des haut parleurs hideux, alors qu'il y a un emplacement pour ça... Les jantes à reprendre et la console centrale abîmée. Bref, des choses que je n'avais pas remarquées à l'achat, hypnotisé par transe de la nouveauté...

Un jour, toujours le mois de la bonne année à souhaiter, envie d'un petit tour. Panne de démarrage. Dieu que c'est lourd une 914 à pousser, surtout de prendre ses appuis sur le sol glissant d'un parking municipal fraîchement lavé... Et avec la minuterie de l'éclairage qui s'éteint toutes les minutes, pas facile de trifouiller dans le moteur, à moins de coincer un tournevis dans le poussoir de l'interrupteur temporisé, ce que j'ai fait, on fait ce qu'on peut... Rien à faire, seul un petit filet de gaz s'échappe du pot, comme un pétard mouillé... Je démonte un truc au hasard, je saurai plus tard que c'était le capteur de dépression. J'avais lu des trucs sur lui, c'est un peu le grand-père récurrent DME de nos PMA... Je l'ouvre en deux, une sorte de capsule roule sur le sol, je rassemble tout, peu fier, et le remonte sur le flat 4. Je me souviens soudain que le vendeur m'avait attesté qu'il était neuf... Soit... Bref... Miracle, ça démarre et l'aventure continue !

Un jour, toujours en janvier, j'arrive au parking souterrain. Grosse flaque d'huile qui s'étend jusqu'à l'emplacement voisin d'un vieux monsieur qui, pas de bol, se pointe:

"c'est à vous, « ça » ?"
"Euh, non, j'sais pas, ma voiture est plus loin !"
"Regardez-moi ce merdier, me dit-il, ça coule jusqu'à ma voiture !"

Bon prince, j'aide l'homme âgé à bouger sa berline de quelques mètres pour qu'il puisse y entrer sans saloper ses chaussures et ses tapis...

Le monsieur parti, je me penche sous la 914, ça, c'est de la tâche d'huile ! Je rentre chez moi, perturbé, livre technique en mains pour déceler d'où ça peut venir... J'appelle Jonasz au soir, le vendeur:

" Ce n'est rien, s'amuse-t-il, il suffit de donner un coup de clé, c'est tout !"

Un coup de clé à quoi ? Je me couche tard, obsédé par cette affaire... A mon avis, schéma en coupe du moteur, ça vient "du dessus de la turbine de refroidissement", me disais-je naïvement à l'époque... Au matin, je me réveille, livre ouvert sur la poitrine...

Je retourne donc dans ce maudit parking, qui en verra bien d'autres par la suite... Les types de l'entretien me chopent et me demandent de réparer ou alors de virer l'auto. Réparer quoi ? Allongé sur le capot, le souffle coupé par l'arête du coffre, je tâtonne du côté de la turbine et m'interroge: "C'est quoi ce bordel ? Elle n'est pas fixée cette turbine, normalement ?". Je ne m'étais pas encore rendu compte que j'étais revenu de Paris sans refroidissement !... D'un coup, révélation, je compris mieux également l'énorme fumée qui sortait du capot à chaque balade et ré-entendis ce fameux bruit de la mort, juste après avoir acheté l'auto, la turbine s'étant débinée en direct, cognant dans le carter de son inertie à 2500 tours !... Je ré-entendais Jonasz me dire, au téléphone, "Ce n'est rien, juste quelques gouttes d'huile sur le pot..."
Je me contorsionne et, après des essais, parviens à revisser cette vis de 13 dans son logement. Je refais le plein d'huile et tente de démarrer. Toussages, cahotages, ralenti catastrophique. Je palis, verdis, bleuis, me colorifie d'un arc en ciel de solitude, de l'huile partout au sol, rien ne va et on est dans un sous-sol... KATASTROFFE, HERR MULLER !!!

Je suis donc retourné à la maison chercher du matériel, nettoyé le parking avec de la sciure et un large balai de cantonnier, et me suis mis au boulot de sortir l'auto de son sous-sol, encouragé en cela par les deux gardiens qui ne tenaient plus trop à voir la 914, ni moi non plus... Pas de bol, j'en avais pris pour six mois d'abonnement ! Non remboursable ! Circulez, on rembourse pas !
Revoici donc la fidèle R5 - enfin des moteurs sans soucis - qui tracte la 914 dans la montée en colimaçon de la rampe du parking, pas facile du tout ! Un dernier coucou aux employés et nous sortons de taule...
La bonne soeur (la mienne, pas celle des gendarmes) est au volant du tas d'huile... Rapatriement de l'auto chez les parents et recherche active de quelqu'un de confiance qui pourrait réparer la voiture. A l'époque, difficile de me l'imaginer aujourd'hui, mais je ne connaissais la mécanique qu'en théorie, sauf celle de mon meccano de gamin... Plus tard, Soft Cell chantera Tainted Love...
Trouver quelqu'un de confiance... J'en ris, avouez qu'aujourd'hui on en voit de bonnes ! Avant, c'était pas mieux...

Comme un benêt, je me rends donc chez un vendeur de pièces Porsche, une enseigne assez réputée dans mon coin de Nord, qui a bouclé depuis... Je leur demande s'ils ont des contacts mécaniciens pour s'occuper de mon auto... Là, pas de problème, ils m'envoient chez un type "très sérieux, compétent, et tout et tout, je ne pouvais tomber mieux...".
Rendez-vous est pris pour la semaine suivante... Voyage de plus de 60 km, la R5 tracte la 914 avec un copain au volant en ce plein mois de janvier neigeux... La sœur a assez donné et, de toute façon, est déjà repartie outre Manche. Le copain se plaint du froid dans la voiture, fume pour se réchauffer et remplit de mégots le cendrier. Après 40 km de route, en beaucoup d'heures, crac ! Quoi encore ?
L'attache de remorquage sous la caisse s'est cassée net. No comment... On pousse à la main jusqu'à une station service, celle d' Avelin, l'ancienne du centre ville, pour les initiés... Que faire ? Trop tard pour ce soir, le garage où je dois convoyer la 914, vu l'heure tardive, est fermé. Il neige à gros flocons et, sur le petit parking de la station, fermée aussi depuis, je ne distingue plus qu'une masse blanche ressemblant de moins en moins à une 914... Pas question d'abandonner l'auto comme ça... Soudain, l'idée... Je sonne à la porte d'une maison bien populaire où un brave type en Marcel blanc m'ouvre, tout surpris:
"Bonsoir, je suis en panne, est-ce que je peux laisser ma voiture chez vous le temps d'une nuit, je vous paierai ?". Tiens, je repense à un scène du corniaud... "Oui, qu'il me répond, pas de souci". Je déneige la 914 et la pousse jusqu'au jardin du brave type. Je lui dis à demain et le laisse finir ses frites pour partir au boulot, car il est « de nuit ».

Le lendemain, je reviens donc avec la bonne R5 et une corde... Le type est là, je lui donne 200 francs de l'époque et le v'là bien heureux ! Il nous aide à pousser la 14 sur la route et nous cherchons un point d'attache, avec le copain fumeur, vu que l'anneau s'était cassé la veille... Autour de la vitre avant, mauvais plan, on risque d'arracher les montants... Finalement, on s'arrime dans le coffre, sur le crochet retenant la roue de secours... Les 15 kilomètres restant se font en deux heures, le temps de passer par tous les chemins vicinaux sur lesquels on ne trouvera pas la police... Nous arrivons enfin au garage, accueillis par l'homme providentiel qui nous offre à tous un café au troquet du coin. Je lui confie mon auto et rentre chez moi.

J'avais oublié de dire que, lors de l'achat et de l'établissement de la carte grise à mon nom, on s'est rendu compte (surtout moi) que Jonasz avait oublié de signer au dos de la carte. Bref, j'ai dû retourner le voir rien que pour ça début janvier, avant le coup du coup de clé, avouez que ça commençait mal...

Bond de six mois... Juin 1996, la 914 n'est toujours pas réparée, loin de là, et toujours dans le garage du "garagiste". Seul traîne dans le coffre un boîtier d'injection K-Jetronic de Golf I, que le spécialiste me "promet de monter très vite". Coups de fil, déplacements (130 km à chaque fois...), rien à faire, du vent. Le gars « bosse » la mécanique huileuse sans se salir, à bras de chemise, blanche en plus, doté d'un incroyable talent, du moins pour rester propre... En fait, une sorte de précurseur des mecs en blouse qui font du PC sur les ordinateurs roulants d'aujourd'hui... Pourtant, je lui ai lâché de l'argent d'avance, on dépasse largement un smic...

L'été. J'ai un peu plus de temps libre et mets la pression sur le type. Rien à faire. Un jour, je m'énerve franchement, il se met enfin au boulot. Injection posée, après six mois. Mais, surprise, il me sort maintenant que le moteur est "bloqué", démonstration sur le pont... Après rapide enquête, j'aurais peut-être dû commencer par ça, le spécialiste n'a pas d'établissement à lui, squatte le garages des autres et trempe dans du pas clair du tout. Je décide de tout stopper mais il refuse de rendre la voiture et me réclame de l'argent, encore. Les menaces arrivent, mise à feu de l'air-cooled, chantage, tentative d'extorsion. Là, je ne rigole plus et suis prêt à aller au bout de tout. Je me comprends. Deux fois dans ma vie, j'ai eu envie d'aller jusqu'au bout. Ce fut la première fois.

Je retourne au garage, un autre jour, avec l'intention de ramener la 914, la même motivation qu'à Montrouge. Horreur à l'arrivée, le squatteur s'est fait jeter par le vrai propriétaire des lieux. Non seulement il piquait ses outils mais détournait aussi ses ouvriers. Plus de bonhomme et plus de voiture non plus, il ne me restait plus que la corde. Idem que ce bon Ventura, à qui il ne resta plus que le Delco de sa Jeep, après l'incendie de son affaire... Stressing, no ?
Je retrouve la trace de la 914 un peu plus loin, dans un autre endroit à l'envers lugubre, genre arrière cour d'une arrière cour. La voiture est là, séquestrée, je menace d'aller chercher les flics. Le ton monte très haut. Il y a des moments, je comprends qu'un mec normal puisse se retrouver aux assises. Je n'étais pas seul, heureusement, nous étions venus à trois. Après des heures de palabre et de menaces, le type s'enfuit littéralement et nous reprenons l'auto de force en mettant le bazar dans le garage pour me venger de récupérer une auto incomplète et un peu abîmée. Je donne 400 francs de dédommagement au vrai gérant des lieux, un type du Far Est, à l'air d'un driver de Fast and Furious, pour « frais de garde »... Je retrouve des choses pour le moins « étranges » dans l'allemande, je n'en dirai pas plus, elle servait de dépotoir depuis des mois... Je rapatrie la voiture chez moi, sachant que quelques petits accessoires manquent à la pelle et à l'appel : juste le moteur et la boîte de vitesses... Disparus ! (Au coin de la rue, je l'espère, comme chantait Jean-Pierre Mader...).

Juillet 1996. Un peu plus tard, je récupère finalement le moteur et la boîte de vitesse, partiellement démontés, que je ramène de chez le motoriste à costume, dans une remorque, avec quelques copains. Sept mois de perdus et une 914 en pièces... En quittant ces lieux de malheur, au loin, l'homme trop propre pour être honnête traverse la rue, en direction du troquet, en compagnie d'une nouvelle proie. Ce n'est plus mon problème. Cette première tentative de ma vie d'octroyer ma confiance à un professionnel se solda donc par une personnalisation absolue de moi-même...
Au retour du remorquage, nous parcourons 60 km sans souci, par les petites routes. A quelques centaines de mètres de la ligne, malchance incroyable, gendarmerie. On passe avec la corde tendue, ils sont placés en perpendiculaire. Foutu. On discute de l'auto, etc, mais bon, je paie quand même l'amende à la gendarmerie le lendemain...
Assez écoeuré de mon entrée dans l'automobile de collection, me voici bien embêté. Hervé Vilard a dû, lui aussi, posséder une 914... Et maintenant, que vais-je faire ?...
En résumé, pour un smic et demi, le motoriste élégant m'a changé le joint spi du vilebrequin (celui que j'avais identifié sur le bouquin), en six mois. Je discute devant la maison du copain fumeur, avec les voisins, face à la remorque et le tas de ferraille qu'elle porte. Une voiture ralentit soudain, un 4 x 4 Toyota, le genre à Colt Seavers, un type m'apostrophe: "C'est un moteur VW, ça ?!". On engage la conversation, le gars a environ 25 ans, le genre mécanicien habillé "en sale". Si ce n'était pas vrai, je n'oserais l'écrire, mais c'est ainsi que les choses se sont passées. A quelques kilomètres de chez moi, il y avait un passionné de Cox et autres flat 4. Il m'invite chez lui, le moteur, la 914 et moi. En août 1996, les travaux, les vrais, commencent... C'est là que j'me dis, le hasard des rencontres, à quelques secondes près, détermine beaucoup dans une vie.

La 914 est maintenant à seulement quelques kilomètres de chez moi, je peux donc la voir tous les jours. Le jeune possède un buggy et sa cour regorge de pièces mécaniques. Le genre de personnage typique des road-movies, la vieille baraque paumée dans le désert écrasé de soleil... Lui vivait au pied d'un immense terril, dans un quartier minier, ce qui n'était pas moins pittoresque... C'était un peu le mécano du coin, sa porte toujours ouverte aux gamins qui venaient regonfler leurs vélos... Je le regarde faire, je participe un peu, j'apprends énormément: l'injection, le démontage complet des moulins, les transformations, les préparations moteur, les passages en injection sur des 2 ch, les turbos dans des Cox... En quelques semaines, il tombe le moteur, l'ouvre, vérifie le jeu aux bielles et le vilebrequin, décalamine les pistons, nettoie les culasses, monte l'injection de Golf correctement, change le disque d'embrayage et rechange le joint spi du vilebrequin, qui pissait encore l'huile parce qu'il n'était pas le bon. Ce joint ne fuyait pas chez notre ami le spécialiste, puisqu'il n'y avait pas d'huile dans le moulin, la solution simple ! Eric le mécano répare aussi la liaison entre le compteur et la boîte de vitesse. En passant, il me signale que le volant moteur avait été volontairement  bloqué avec une cale, posée par notre mannequin chemisé, pour me faire croire à un blocage. Dégueulasse. En revanche, il manque la clavette qui bloque la turbine de refroidissement, d'où sa perte dans son carter quand j'ai ramené la sportive de Paris. Tout s'explique ! Tout finit toujours d'ailleurs par s'expliquer... Il en retaille une, qui tient depuis vingt-deux ans maintenant ! Pendant ce temps, je répare les garnitures de portières et pose un pare-soleil côté passager. Vidanges faites, réservoir démonté et nettoyé, je récupère la 914 fin août. Contre un smic.

Le jour, je roule, le soir, je consulte le paquet de factures données avec la belle. Les belles coûtent toujours des bras, je le verrai plus tard... Presque 100 000 francs entre 1982 et 1995, ça fait très peur. Toujours des pannes d'injection ou d'allumage et des notes de garagistes hallucinantes. Je comprenais mieux l'envie de vendre de Jonasz, qui ne chantait plus que le blues...
Bref, je roule, jusqu'en septembre, localement seulement, n'exagérons pas... A l'automne, je casse le câble d'accélérateur, vraiment rien de grave. Fin du mois, panne de Neiman, très gêné pour repartir face aux terrasses bondées. Je reviens le soir avec ma caisse à outils... Neiman neuf et changement des bougies. La "tirette des gaz", 146 frcs, neiman 532 frcs. Le joint spi avait coûté 80 frcs.
Jusqu'ici, ça va... J'entame alors quelques achats de carrosserie.

En novembre, je monte donc une gomme butoir neuve à l'avant, je change le roulement avant gauche et l'écusson de capot. En fait, j'en mets un, absent à l'origine et déçu qu'on me parle de mon Alfa...
Nouvelle gomme de pare-choc à l'arrière aussi. Le tout chez Porsche, puisque je ne connais rien d'autre, à l'époque... Pas plus que je ne connaîtrai plus personne qui touchera la 914. Je m'aperçois, en écrivant, que la mécanique m'est venue « comme ça »... Strange, isn' it ?
Décembre, anniversaire d'achat... Un de ces boucans d'enfer, un jour au démarrage. Une péniche, un V8 sans échappement, ou l'ancien Overcraft de Calais, affreux. Je ramène l'auto chez le jeune sympa, les têtes se retournent sur mon passage. Je suis honteux. On regarde les fils de bougies. On vérifie l'allumage. Coups de téléphone partout, renseignements, tests, pas de changement.
Bon, nouveau "tombage" du moteur, le troisième. Faut ouvrir, y a pas, et découvrir ce qui cloche...
Bilan 1996, voiture arrêtée huit mois sur douze, ça fait beaucoup. En attendant 1997...


To be continued...


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MI914




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MessageSujet: Re: Aux galériens mécaniques...   Aux galériens mécaniques... Empty19/12/2018, 08:48

Et bé, quel récit! Very Happy
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wilde

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MessageSujet: Re: Aux galériens mécaniques...   Aux galériens mécaniques... Empty19/12/2018, 09:04

Merci, ça encourage... Wink
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MessageSujet: Re: Aux galériens mécaniques...   Aux galériens mécaniques... Empty19/12/2018, 09:10

Faudra que tu me dises quel etait ton "mecano" même avec le recul ca m'interesse ( le foireux!!!)
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dav30

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MessageSujet: Re: Aux galériens mécaniques...   Aux galériens mécaniques... Empty19/12/2018, 16:48

ça parait long au premier abord mais on se laisse vite prendre à tout lire d'une traite avec délectation Wink !! sacré aventure quand même affraid
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wilde

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MessageSujet: Re: Aux galériens mécaniques...   Aux galériens mécaniques... Empty19/12/2018, 17:04

... Dis-toi qu'il reste pas mal d'années... ! study
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9fourteen

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MessageSujet: Re: Aux galériens mécaniques...   Aux galériens mécaniques... Empty19/12/2018, 19:49

wilde a écrit:
... Dis-toi qu'il reste pas mal d'années... ! study


Tant mieux pour nous study study
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wilde

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MessageSujet: Re: Aux galériens mécaniques...   Aux galériens mécaniques... Empty19/12/2018, 20:03

Merci ! Wink
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alain33




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MessageSujet: Re: Aux galériens mécaniques...   Aux galériens mécaniques... Empty19/12/2018, 20:23

merci Wilde de nous faire partager les bons et moins bons moments de cette aventure. Quel scenario! (et bien écrit). On attend la suite avec impatience.... d'où vient ce bruit de péniche?

Alain.
PS : la mienne que j'ai achetée il y a 1 an et demi (GB/2L avec injection), tournait sur 2 ou 3 cylindres. J'ai pris le parti de tout tomber, démonter, nettoyer contrôler, etc, pour être tranquille coté moteur mais c'est long, je commencer à peine a remonter. Il va falloir que je vous tienne au courant.
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wilde

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MessageSujet: Re: Aux galériens mécaniques...   Aux galériens mécaniques... Empty19/12/2018, 20:45

Merci Alain ! Wink
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Idefix63

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MessageSujet: Re: Aux galériens mécaniques...   Aux galériens mécaniques... Empty19/12/2018, 21:31

merci wilde!

quel plaisir de te lire, j'ai commence et n'ai pas pu m'arreter avant la fin...

tu as un vrai talent d'ecrivain

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looping

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MessageSujet: Re: Aux galériens mécaniques...   Aux galériens mécaniques... Empty19/12/2018, 22:24

Idefix63 a écrit:
merci wilde!

quel plaisir de te lire, j'ai commence et n'ai pas pu m'arreter avant la fin...

tu as un vrai talent d'ecrivain


En même temps j'ai cru comprendre que c 'est son boulot ;-)
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looping

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MessageSujet: Re: Aux galériens mécaniques...   Aux galériens mécaniques... Empty19/12/2018, 22:46

Maintenant que j'ai pris la peine de tout lire, je me sens moins seul.... La mienne a roulé avec beau papa sans souci pendant mon escapade reunionnaise c'est à dire 5 ans... Je la récupère, et bim en panne....

j'attends la suite avec impatience, j'ai souvenir d'un tombage de moteur dans le jardin avec voiture sous bache... c'est pour bientot ? ;-)
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wilde

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MessageSujet: Re: Aux galériens mécaniques...   Aux galériens mécaniques... Empty20/12/2018, 11:09

Idefix63 a écrit:
merci wilde!

quel plaisir de te lire, j'ai commence et n'ai pas pu m'arreter avant la fin...

tu as un vrai talent d'ecrivain


Si tu veux, y a mes "vrais" livres aussi... Smile


Dernière édition par wilde le 20/12/2018, 11:34, édité 1 fois
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wilde

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MessageSujet: Re: Aux galériens mécaniques...   Aux galériens mécaniques... Empty20/12/2018, 11:10

1997, bonne année !

Au démontage des culasses, c'est la guerre... Deux tranchées énormes dans les deux pièces, on peut y glisser l'auriculaire sans souci ! En fait, le puzzle d'Adamo se met en place, de plus en plus... L'échappement a creusé un sillon entre les culasses et l'épaulement de cylindre. Tout s'explique à nouveau: en fait, les culasses avaient pris du plomb dans l'aluminium lors de l'achat. Revenues de Paris sans refroidissement, un peu aidées par une pluie battante et le hasard des arrêts, elles ont tenu le coup, c'est solide un bloc VW à air... Lors de la première dépose, à l'été 1996, rien ne se voyait à l'oeil, sur l'établi de la cabane de jardin d'Eric, au pied du terril... Là, pas besoin de loupe... Bref, on en revient toujours à cette saleté de clavette en demi-lune qu'un salopard, un jour, n'a pas remontée pour une raison que j'aimerais connaître...
Nous voici à acheter notre kit cylindres-pistons ainsi que deux culasses d'occasion. Je cherche dans les magazines VW Cox. Je tombe sur deux culasses type GB, à vendre par un garagiste du centre de la France. Je l'ai au téléphone, de la cabine de la place du marché où je venais quand j'étais petit, "Oui, oui, très bon état, pas de problème !...". Fin content, nous convenons d'un envoi contre remboursement à la Poste, environ un tiers de smic. Le colis arrive à la poste, mais je n'ai pas le droit de l'ouvrir avant de payer... Alors que le guichetier enfourne les billets dans la caisse, je me désespère de mon côté: les culasses sont fendues aux puits de bougies et des ailettes de refroidissement se sont envolées... Dur à encaisser. Je renvoie le tout au vendeur en attendant son remboursement, comme arrangé au téléphone. Je ne reverrai jamais mon argent et lui pourra refourguer sa saloperie à un autre croyant encore en l'homo garagistus. Dégoûté. J'espère que ce mec a mal fini. Bon, comme je le claironne aujourd'hui, achetons neuf ! Deux culasses hyper chouettes font le voyage d'Allemagne, neuves, cette fois-ci. Boum. Malgré la piquante, je suis content de les avoir changées à l'époque... Aujourd'hui, ça semblait alors donné... Je ramènerai au magasin de Bruxelles le premier kit... Il est destiné aux combis, me dit Eric, avec ces cylindres creusés favorisant le couple, faut que t'en prennes des plats, légèrement bombés... Remboursement sans histoire, puis je passe visiter les vestiges du circuit de Nivelles, on n'a pas tout perdu !... Un nouveau kit, un vrai Mahle, arrive d' Allemagne... Du coup, j'achète des compteurs de surveillance Equus, espérant que ça va cavaler, et on remonte le moteur en vissant des capteurs de température dans les emplacements prévus sur chaque culasse. J'installe aussi un témoin d'huile, un voltmètre et me fabrique une belle console à six cadrans...
C'est reparti et ça roule quelques mois, après cette dépose moteur number four... Mais, bon, le temps ne s'arrête pas...

En mars, je me paie des rétros "obus", je vais les chercher quelque part dans l'Est de la France, chez un spécialiste Triumph... J'y vais en R5, pas fou ! En fait, je m'y rends avec ma seconde R5, puisque la première héroïne termine en flammes, brûlée dans la cour parentale par des mecs qui avaient sans doute froid... En fait, la version est trouble, mais le commanditaire assez présumé est mort depuis, c'est réglé. Mort naturellement, s'entend bien. Je reviens aux obus, les puristes vont crier, mais bon, j'avais ça en tête depuis l'achat et même avant, ces rétros obus, je trouve que ça rend la voiture rapide, même à l'arrêt, ce qui tombe bien !

A l'été, le fatalisme estival et ses soucis reviennent: La 914 manque de puissance, je dois constamment ajouter une dose d'essence avec le starter manuel électrique que j'ai bricolé. Une main sur le volant, l'autre sur le bouton-pressoir de l'injecteur de départ à froid, qui sert maintenant même à chaud, pas terrible...
Je change les injecteurs. Un peu la foire chez les vendeurs, puisque je suis en injection de Golf, rien à voir, alors que l'auto est quand même une VW, à la base... Injecteurs neufs, pas beaucoup mieux sur la route...
Je change la bobine, une Valéo compétition, la carrée, un peu mieux, sans plus... Heureusement, Feu rouge me la reprend, pas comme l'argent de l'abonnement du parking...
En août, entre deux terrasses de café, que je quitte en suant très fort à chaque fois, l'intérieur sent bizarrement l'essence. Je change donc les lignes de carburant, démontage réservoir, un sacré merdier... J'en profite pour réparer la turbine de chauffage située derrière le tank de 62 litres et je change aussi le filtre à essence ainsi que la crépine du réservoir...

Pas beaucoup roulé depuis l'achat. Onze mois d'arrêt, en tout, sur 24. L'hiver qui vient me laissera un peu en paix, juste des changements de joints en bout de tringlerie de boîte de vitesse et le remplacement du volant de camion par un petit trois branches, un Viktor Spezial, trouvé dans une concentration d'anciennes, du temps où on trouvait encore des pièces anciennes... Toujours besoin de réguler l'arrivée d'essence pour accélérer normalement, ou presque... On laisse passer, on verra plus tard...

1998 arrive, les bleus gagnent leur coupe et je gagne la coupe du monde des emmerdements...


Dernière édition par wilde le 29/12/2018, 12:09, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Aux galériens mécaniques...   Aux galériens mécaniques... Empty20/12/2018, 19:21

bounce bounce bounce
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MessageSujet: Re: Aux galériens mécaniques...   Aux galériens mécaniques... Empty22/12/2018, 19:33

Salut,

Juste en passant, 23 ans de liaison, jour pour jour, demain... Crying or Very sad Smile
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wilde

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MessageSujet: Re: Aux galériens mécaniques...   Aux galériens mécaniques... Empty26/12/2018, 09:34

1998.

Retour en parking souterrain municipal, mais, cette fois-ci, un tout automatisé, sans gardiennage râlant contre l'huile... L'absence de surveillance m'arrangera énormément...  Neutral  Smile
Janvier, j'accroche mon beau bandeau de pare-choc en caoutchouc contre un pilier du parking, lors d'une manoeuvre. Je n'ai pas encore roulé suffisamment pour m'habituer au gabarit... Bon, ça ne se voit pas trop... Quelques jours plus tard, ça se voit : rond-point, une vieille GS démarre au cédez le passage puis freine de suite, je lui rentre dedans... Un comble de cartonner une GS en 1998 ! Pour tout dire, je regardais la mini-jupe noire et les cuisses collantées de ma conquête du moment... Je suis fautif... Pare-choc abîmé et capot remonté en son milieu, un peu comme la bosse que j'avais en regardant la fille... La Citroën, elle, n'a rien, Fransoze qualität ! Bref, croyez-le ou pas, j'arrive même à rentrer dans une autre ancienne quelques minutes plus tard, la déesse étant de quelques années mon aînée !...
Pour finir la journée, redressage à la main. Du capot.

J'achète un spoiler type 916, live from Germany, que je peins en noir, j'suis pas fou non plus... Je remplis les trous du spoiler de feux de route neufs... Lors du remorquage hivernal avec le copain fumeur, on a cassé l'un des feux de brouillard d'origine en prenant trop d'angle avec la barre... Je change aussi les cache-écrous centraux des jantes, la classe avec les autocollants de la marque au centre !
La voiture commence à prendre allure et une remarque narquoise me revient, un jour, « Tiens, on a sorti l'auto de papa ! ». Non, Madame, c'est la mienne...
Au printemps, je retrouve la 914 vandalisée... Toit enlevé, des ordures ont balancé des saletés à l'intérieur puis jeté l'auto contre une camionnette. Le spoiler en a pris un coup, mais je malaxe un peu de résine et ça passe...
Je m'enhardis un peu, l'auto roule quand même, malgré le starter branché en permanence et d'autres menus défauts... Grosse frayeur sur l'autoroute: alors que je fonce, le capot se lève d'un coup sous mes yeux ! Freinage en catastrophe, BAU, pas de mal... En fait, la serrure du capot, choquée lors de l'accrochage avec la GS, n'accrochant plus assez, vient de lâcher et le couvercle a pris le vent !
Je perce la carrosserie et installe des attaches style rallye, à goupilles, bien utiles pour la tranquillité. Au passage, je remarque et fais remarquer que les fixations des pitons sont prévues, identiquement aux 914 du Mans des 70s, c'est quand même pas n'importe quoi, cette auto !... (faut bien se rassurer un peu...).
Je change une nouvelle fois le filtre à essence, un métallique spécial injection, mais toujours besoin d'utiliser le starter manuel. Mystère.
12 Juillet, 3-0, affaire classée. La R5, elle, est déclassée, arbre à cames cassé en trois. Une R19 la remplace.

Septembre, Le Touquet, le Neiman reste bloqué, clé de contact dedans et outils dans le coffre, fermé à clé, bien sûr, c'est plus marrant. Le Touquet, j'avais fait la route en vélo, un jour de fête après l'obtention du Bac, avec le copain déprimé à la Renault 21, 250 bornes de pédales quand même...
Loin de chez moi, je répare donc sous l'éclairage public, démontage du volant et du Neiman pour débloquer la direction, Neiman que j'ai abîmé en forçant sur tout le mécanisme avec une fourchette ou quelque ustensile cuisinier lamentable, fourni par le copain chez qui j'étais et qui ne fut guère sympa, il bossait le matin et voulait aller se coucher... Comme quoi, les ouvriers mangeurs de frites sont plus sympas que les représentants de commerce... Le pire, c'est que j'avais changé le Neiman en septembre 96... J'arrache et dénude des fils, tandis qu'une épingle à cheveux trouvée dans l'auto fait contact pour les feux de position... Je colle tant que je peux les feux des rares voitures qui me doublent à cette heure nocturne. A fond, c'est à dire 100 km/h, avec ces histoires de manque de puissance... Avec deux loupiotes à l'avant, en pleine campagne sinistre, c'est déjà bien suffisant pour trembler ! J'ai fini par rentrer au ralenti en suivant un tracteur pendant une éternité. Quand j'y pense, c'est peu commun, un tracteur dans la nuit. Sans doute le moment de la récolte des betteraves... Mauvais souvenir, surtout l'attitude du pote. Bon, il y avait, c'est vrai, cette histoire de lèche-vitrine à Amsterdam, peut-être qu'il m'en voulait encore... En tous cas, je commençais à en faire une belle, de betterave, avec cet achat de voiture irraisonné...
J'installe donc un interrupteur basculant pour actionner le démarreur, faut juste faire gaffe à ne pas oublier de le couper dès que le moteur s'est lancé... Dangerous, m'avertit un jeune, qui est, en fait, le fiancé de la sœur du dépressif... Il avait raison, ce jeune de Bac pro Maintenance... Un soir que j'étais à la station service tenue par son père, je repars en oubliant de remonter le bouton... Crac crac crac à l'arrière... Trop tard, après quelques minutes, j'ai flingué le démarreur de Jonasz... Je vais chercher un nouveau démarreur à Bruxelles, péripétie minime...
Je vire ce basculeur à la c... et installe un bouton-pressoir, récupéré sur une machine électrique industrielle, les gros boutons rouges au bord chromé. Depuis 21 ans, plus de souci de Neiman. 400 balles quand même, ce contacteur à la c... de chez Porsche...

Bref, j'espère finir l'année peinard...

En décembre, alors que je roule tranquille en ville, déflagration d'enfer dans la voiture... A chaque fois que je passe la première, le levier saute au bout de quelques mètres, dans un vacarme de porte en fer qu'on claquerait de toute ses forces, bam, bam, bam ! Mon corps entier se secoue ! Il faut vite rentrer lentement, tout va exploser à l'arrière...

A suivre.
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